Au coeur de la jungle péruvienne

Arrivés en fin de journée à Lima, nous rejoignons en taxi notre hôtel à Barranco, quartier « branché » mais qui demeure plus populaire et local que Miraflores, à ce qu’on a lu.

Nous sommes dans une petite guesthouse, la Frog Guesthouse, au personnel hyper sympa et serviable. Nous allons le soir manger des anticuchos (brochettes de cœur de bœuf marinés servis avec patates et epis de mais blanc) sur la place principale du quartier. Les gens flânent dans le quartier, on croise jongleurs et danseurs hip hop. En se baladant on voit que les murs sont pleins de dessins, street-arts, qu’il y a des sculptures dans les parcs.

Ça semble le quartier des artistes, qui donne en quelques minutes sur l’océan. On approfondira cette découverte à notre retour, car pour l’instant nous partons à Iquitos pour un tour de 4 jours dans la jungle.

3h d’avion plus tard, nous voilà donc à Iquitos, la plus grande ville du monde qu’on ne peut relier qu’en avion ou en bateau (3 à 5 jours de voyage à partir de la ville la plus proche, à dormir sur le pont sur des hamacs, avec les enfants, on passe notre tour). Elle compte plus de 500.000 habitants, et près de 250.000 motokar, le tuktuk local. Un avant-gout d’Asie… On y trouve également énormément de « polleria » ces restaurants qui servent exclusivement du poulet, souvent tenus par des chinois et donc accompagné de riz cantonnais. Surprenant, mais bon et pas cher !

Nous partons le lendemain matin pour un tour de 4 jours / 3 nuits dans la jungle au Libertad Jungle lodge  avec Franck, notre guide. Ce lodge est géré de manière communautaire par les habitants du petit village de Libertad, à 4h d’Iquitos, dont 2h de bateau. Ils y travaillent par rotation : guides, managers, cuisiniers, femmes de chambre, chauffeurs des bateaux etc… C’est le seul que nous avons trouvé qui est dans un village dont on peut partager la vie locale et qui est géré de cette manière.

Il est de plus relativement bon marché comparé à tout ce que nous avons vu ailleurs.

Après 2h de voiture, nous nous arrêtons à Nauta pour faire un tour au marché on y trouve toute sorte de fruits exotiques, de poissons, des œufs de tortues, des tortues entières (gloups) etc…

 

Puis nous prenons une grande barque pour Libertad. Nous naviguons sur le 3ème plus gros affluent de l’Amazone, le rio Maranon qui à la saison sèche fait déjà 1km de large puis à la naissance de l’Amazone, nous tournons sur le rio Ucayali un autre affluent  qui fait à peu prés la même largeur. Cela triple ou quadruple à la saison des pluies. Nous commençons à voir des buffeos, les dauphins roses amazoniens qui trainent et sautent autour du bateau. On trouve à cet endroit 2 types de dauphins, le rose ou buffeo, spécifique à cette région, à la nageoire dorsale moins prononcée et au nez bombé, et le gris, celui qu’on voit dans la mer, et qui remonte l’Amazone jusque-là.

Nous arrivons à midi à notre lodge, une petite dizaine de cabanes à côté d’un village de 200 habitants. C’est la saison sèche, un ponton en bois d’une centaine de mètres enjambe des rizières jusqu’à la terre ferme. A la saison des pluies, tout cela est recouvert d’eau.

 

Nous rencontrons le directeur du lodge, les autres guides et, après nous être installés dans notre « cabana » en bois et toit en palme au confort sommaire mais largement suffisant, et équipé de doubles moustiquaires, nous rejoignons les autres pour manger.

On voit un papillon aux ailes transparentes, ce qui nous fait penser à la botaniste rencontrée dans l’avion, qui partait à Tarapoto étudier ces insectes et le pourquoi de leurs ailes transparentes

Tout le long du séjour, nous mangerons des produits frais et locaux (manioc, différents fruits exotiques, bananes plantains frites, poissons etc..) et aurons des jus de fruits naturels tous aussi bons les uns que les autres. Premier bon point 🙂

Puis nous établissons le planning avec Franck, notre guide, et Octavio, le conducteur de notre bateau qui nous accompagnera également pendant ces 4 jours. Un certains nombres d’excursions ou activités sont proposées. On peut aussi personnaliser son séjour, ou partir plusieurs jours en camping dans des coins plus reculés, et aller à la rencontre des tribus qui vivent encore dans la forêt. Notre lodge est déjà assez loin d’Iquitos, mais on peut aller bien plus profondément dans le parc naturel par d’autres biais. Avec les enfants on ne tentera pas le camping.

Ce sont les des gens du village qui travaillent dans le lodge, ou qui en sont proches (par exemple, Franck est d’un village voisin, mais sa femme est de Trinidad) Ils connaissent tous parfaitement la faune et la flore, et la région. Tous les gens que nous avons croisés là-bas étaient enchantés par leur guide.

Le premier après-midi, nous prenons une barque plus petite pour aller sur la rivière à la recherche des dauphins. Assez vite, nous en voyons plusieurs autour de notre bateau, qui semblent jouer avec nous : un coup de ce coté du bateau, un coup de l’autre.. Il y en a des gris, plus rapides et sautant plus hors de l’eau, et des roses, plus lents, plus massifs (ils peuvent faire jusqu’à 2/3m) et faisant un drôle de bruit lorsqu’ils sortent hors de l’eau pour respirer (une sorte de souffle très fort).

Ils sont désormais à moins de 10/15m du bateau et nous plongeons dans l’eau boueuse à leur rencontre. Ils restent assez timides et ne viennent pas jouer avec nous mais nous les sentons passer sous nos pieds à plusieurs reprises. Pas de photos de ceux ci (trop dur à choper l’instant) mais des vidéos à venir prochainement…

Le soir, nous découvrons le village et ses habitants, le foot est ici l’activité principale, ce qui convient parfaitement à Mattei et Ilan, qui se font rapidement des nouveaux copains.

Le calme du lieu, un coucher de soleil magnifique, nous sommes comblés ! Avec la nuit, on entend tous les bruits de la selva, oiseaux, singes, bestioles en tout genre, grenouilles etc…

Notre première nuit dans la cabana est courte, réveil à 5h pour aller voir le lever de soleil sur la rivière.  Puis nous partons dans la matinée à la recherche de singes, toujours en bateau.

Nous nous arrétons en chemin dans un coin ou vivent une famille de singes « laineux » (traduction de l’anglais, je ne sais pas le nom en français). Ils descendent dans le bateau prendre les bananes que nous leur tendons, avec leurs mimiques si proches des humains, s’arrêtant même pour faire un calin.  On est sous le charme. Puis repartent de manière agile dans les arbres, en utilisant leurs queues pour s’accrocher (le coté intérieur est d’ailleurs munis de coussinets comme le sont leurs mains / pieds).

Nous parcourons la forêt ou nous voyons deux autres espèces de singes : le singe écureuil qui semble voler quand il saute d’arbre en arbre, et le singe noir, plus gros.

Nous entendrons au loin des singes hurleurs, comme au Mexique, mais sans les voir. Nous croisons également beaucoup de perroquets, martin pécheurs, aigrettes, vautours etc…

De retour au lodge, un autre groupe a trouvé un paresseux dans un arbre près du camp. C’est un animal vraiment surprenant, aux gestes lents et mesurés, aux énormes griffes et qui peut se cramponner avec une force herculéenne. Ilan, à qui un des guides propose de le tenir, en fait les frais : l’animal s’agrippe à lui, et commence à lui griffer le bras. Heureusement, les hommes reprennent rapidement le paresseux qui remonte élégamment dans son arbre.

L’après-midi, nous visitons le village avec notre guide. Libertad est le nom du village créé par les habitants d’un village sur l’autre rive, qui venaient seulement cultiver des terres à cet endroit. Ceux-ci devaient travailler pour d’autres. Ils ont fui cette exploitation et sont restés de ce côté-ci pour créer Libertad. Il nous explique l’organisation très poussée et égalitaire du conseil du village, les aides qu’ils ont eu du « district » pour construire une réserve d’eau potable (avant, beaucoup d’enfants souffraient de parasites intestinaux, car ils buvaient l’eau du fleuve), leur toute nouvelle école, la vie pendant la saison des pluies, ou il n’y a plus de terre, mais que de l’eau (les maisons sont toutes sur pilotis) et où chacun se déplace avec un petit canot. Les maisons, en bois et relativement petites pour chaque famille, n’ont qu’une pièce commune et des hamacs pour dormir. Pas de chambres. Peu ont l’eau courante, ils vont la récupérer au point d’eau communal,  et l’électricité ne fonctionne que quelques heures par jour grâce aux groupes électrogènes qu’ont les familles. Les habitants de Libertad, même si ces conditions de vie peuvent nous sembler rudes, semblent heureux de leur vie au plus près de la nature. Les enfants apprennent à créer des petits objets en rotin et fibres colorées, et, au passage, à se servir d’une aiguille… Ça peut toujours servir 🙂

Le soir, après le repas, nous partons avec nos frontales sur un petit canot pas hyper stable dans les eaux stagnantes d’un lac proche de la rivière pour voir les caïmans. En s’installant dans la barque, on vire deux trois araignées bien plus grosses que les plus grosses qu’on trouve chez nous. Dans le noir, on avance silencieusement au milieu des roseaux. Notre guide scrute au loin avec sa lampe à la recherche de deux petits points rouges, signe distinctif des yeux de caïmans. L’ambiance est assez particulière. Puis d’un coup, ils se dirigent vers une berge, Franck saute du canot et 2 minutes plus tard, reviens avec un jeune caïman d’une soixantaine de centimètres (5 mois environ) et nous le tend en nous montrant comment le tenir pour éviter qu’il ne se débatte. Il sait de quoi il parle, il nous a déjà montré une grosse cicatrice sur sa main : morsure d’un caïman d’un mètre… brrr…  La peau est lisse et douce en fait, mais on est quand même pas très rassurés…

A peine couché on entend des hurlements humains. On se demande bien qui peut crier de la sorte. Deux minutes après ça toque à notre porte, Franck nous dit de venir dans la cuisine. On le suit et on se retrouve nez à nez avec un boa en train de manger un rat accroché dans le toit de la cabane cuisine. C’est la cuisinière qui a crié en le voyant. On reste tous la tête en l’air pendant une demi-heure à voir le spectacle. Quand le rat a complétement disparu,  le boa bouge. Fin du spectacle, extinction des feux.

Le lendemain matin, nous allons pécher le piranha. Mattei a pris sa canne, mais on s’aperçoit vite qu’un bout de viande est bien plus utile que tous les leurres sophistiqués du monde. On en péchera donc quelques-uns de cette manière avant de repasser faire un coucou au petit singe laineux (qui aime le poisson bien plus que les bananes !) et de revenir à Libertad.

L’après-midi, nous partons nous promener dans la jungle, l’air est humide et le sol bien boueux, on imagine bien en saison des pluies !! Franck nous montre différentes espèces d’arbres et de plantes médicinales.  Il n’y a pas ou peu de médicaments ici, le moindre spécialiste est à plusieurs heures de bateau, du coup, les familles utilisent encore majoritairement les médecines traditionnelles. Telle plante (honte à moi, j’ai oublié tous les noms) pour le ventre, telle plante pour que la grossesse aille à terme, telle comme anesthésiant, tel arbre pour faire les canoés, mais seulement après l’avoir laissé reposer une semaine car la sève est toxique etc…

Une plante qui pousse en hauteur en faisant comme une coupe/réserve d’eau servait aux indiens pour boire dans la jungle juste après la pluie, mais aussi à trouver une grenouille toxique qui leur servait pour empoisonner leurs flèches…

Bref, Franck nous raconte pleins d’histoires de ce type, pousse les enfants sur des lianes balançoires, les laisse découper des bambous à la machette… nous entendons à nouveau des singes dans les arbres, et voyons différents oiseaux et perroquets.

Le soir, nous partons en bordure du village dans un champ de palmiers pour voir les tarentules qui vivent dans les troncs de ces arbres, et en sortent à la nuit tombée.

En deux secondes, nous en repérons deux énormes (« bof, non ça c’est des moyennes » nous dira Franck), qui font bien vingt centimètres de long, noires avec des poils partout… Elles ne sont pas dangereuses nous dira-t-on et n’ont jamais mordu personne… on est rassurés ! Franck les attrape en deux secondes et les posent sur la jambe de Mattei puis d’Ilan. Elles grimpent tranquillement, jusqu’à aller sur la tête d’Ilan (avec la capuche quand même). Katy filme, elle ne peut malheureusement pas en prendre sur elle, hihi !! (hum, qui a dit excuse ?). Après ça, on les repose sur leur arbre et on retourne se coucher.

 

Le lendemain matin, on part faire une ballade en canoé sur la rivière. Pas facile de se diriger à quatre sur une embarcation qui swingue au moindre faux mouvement. Finalement, on arrive à peu près à prendre nos marques, et on rejoint la confluence des deux rivières sans tomber à l’eau, dans une belle trajectoire zigzagante… Cela nous permet toutefois d’apprécier le calme de la jungle, et de nous dire qu’on retournera en Dordogne faire du canoé !

Retour à 11h car les enfants sont enrolés dans l’équipe locale de foot pour affronter un village voisin. Ils ont même les maillots de Libertad. 2×20 minutes sous un soleil de plomb ont raison de nos petits européens, bien moins endurants que les locaux… Le village concède un match nul.

Après un dernier repas, nous repartons jusqu’à Nauta, puis Iquitos. Nous essuyons un énorme orage sur la route, qui se transforme en torrent par endroit. On comprend mieux pourquoi tout est vert même à la saison dite sèche ! Nous remercions chaleureusement Franck. Nous recommandons à 200% cette association qui profite vraiment aux habitants pour son sérieux, sa connaissance de la selva et, finalement, son prix relativement peu élevé comparé à d’autres.

Le lendemain, avant de repartir, nous passons par le centre de conservation des lamantins. Cette association (encore une fois non soutenue par le gouvernement, et fonctionnant avec les entrées du lieu et les dons d’universités américaines notamment), s’occupe de la conservation des lamantins, souvent chassés et tués dans leur milieu naturel et en voie d’extinction du coup… Ils en élèvent des petits en captivité et les relâchent ensuite dans la nature. Ils en ont déjà ré-implantés 48 de cette manière. Au-delà de cette espèce, ils sauvent de nombreuses espèces en danger, et recueille tous les animaux trafiqués (singes notamment), sauvés du braconnage ou de la malveillance humaine (jaguar, tortues, serpents, loutres…), dans l’objectif de les soigner puis les remettre en liberté dès que possible.

Après ces journées en pleine nature, nous retrouvons brusquement l’agitation de Lima dans la soirée.

 

9 Commentaires

  • Valérie Ferez 23 août 2017 at 18:49

    C’est passionnant, palpitant, effrayant (le boa ou les tarentules par exemple !!), émouvant. ….bref c’est superbe !! Merci pour ces récits et photos ! Belle continuation à vous.

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    • katy_fsg 3 septembre 2017 at 21:22

      Merci Valérie! 🙂 Bonne rentrée et à bientôt…

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  • Fab 23 août 2017 at 06:55

    Génial, j’ai adoré cette partie ! ( super récit, au passage).
    Cela correspond en tous points à ce que nous recherchons en voyage, et cette asso à l’air formidable. On garde le bon plan ! En quelle langue avez-vous échangé avec le guide ? En anglais c’est ok ?
    Vous avez dû vous régaler 🙂
    Gros gros bisous de nous quatre
    Fab

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    • katy_fsg 3 septembre 2017 at 21:25

      Meci Fab 🙂 Oui le guide parlait anglais bien mieux que nous, notamment sur les noms des animaux! On recommande vraiment cette asso. De gros bisous!

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  • Simone fenech 20 août 2017 at 14:23

    Pour l’instant c’est mon article préféré ! !découverte ,partage et esprit associatif!!!
    Très fière de vous
    Même pas peur au milieu de tous ces animaux que l’on n’a pas l’habitude de côtoyer .
    Hein Katy? ?,

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  • Carole Brim 20 août 2017 at 11:28

    Complètement, c’est un véritable plaisir de vous lire et de rire avec vous et souvent d’être émue…. Merci pour le voyage encore une fois, d’énormes besos, les garçons vous êtes trop beaux plein de couleurs soleil! Buen viaje!

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    • katy_fsg 3 septembre 2017 at 21:24

      Merci Carole, des bisous de nous 4!

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  • jacques ferchaud 19 août 2017 at 05:48

    Merci de nous emmener avec vous et de faire l’effort de nous raconter vos aventures avec autant de clarté et d’attentions à notre égard. Pas la moindre faute de goût dans vos récits, on vit votre quotidien, superbes photos, bref c’est passionnant, on dirait du Jules Vernes !

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