Premiers pas en Inde…

Après une brève escale de 3 jours à Paris, bien utile pour faire la coupure entre l’Amérique et l’Asie, mais aussi pour changer légèrement le contenu de nos sacs  (adieu chaussettes et bonnets de ski !!), laisser à mamie toutes les babioles accumulées sur le continent américain, poster les cadeaux, racheter 2/3 choses qui nous manquaient etc… Nous voilà repartis en direction de l’Inde. Nous arrivons le matin suivant à Delhi, un peu jetlag !

Après les formalités à l’aéroport, nous sortons prendre un taxi et on se fait directement alpaguer de toutes parts par des taxis, porteurs qui te poussent ton chariot sur 3m jusqu’au taxi en te demandant des sous, le tout au milieu d’une bruyante atmosphère polluée, chaude et humide… Ouch !

On se tasse dans un taxi prépayé (on paye dans une agence à l’intérieur de l’aéroport en donnant sa destination et on reçoit un papier qu’on remet au taxi – recommandé) jusqu’à la guesthouse qu’on a réservé via Booking. Guesthouse relativement propre, mais chère pour ce que c’est (j’ai l’impression que le fait d’être sur booking ou airbnb fait immédiatement prendre plus de 30 ou 40% de supplément aux adresses ici, on va donc oublier ces sites, dont on commençaient déjà à se méfier un peu sur la fin de l’Amérique !….) mais par contre personnel adorable et pleins de bons conseils.

C’est parti pour 1/2h de trajet sur les routes encombrées de la capitale. Ça roule à gauche (normal), ça klaxonne et double de partout, ça colle à 2cm des pare-chocs, il n’y a plus de feux, passages piétons ou lignes blanches qui comptent. Bon, faut s’y habituer je suppose…. On croise des quartiers assez modernes, des bidonvilles et immeubles près à s’effondrer, des gens qui dorment à coté de leurs petites échoppes en bord de rue, ou par terre sur le trottoir… bref, choc culturel !!

Le quartier ou on est (Green Park) est résidentiel avec une petite animation de quartier et un magnifique parc juste à côté. On n’aura pas beaucoup le temps d’en profiter puisqu’on repart le lendemain matin et que, après une petite sieste, on part direct au centre-ville voir le Red Fort et trainer dans les bazars de Chandni Chowk / Old Delhi. On prend le métro qui y va directement. C’est plutôt propre et bien organisé. Fouille à l’entrée (avec file séparée pour les femmes). Sièges spécial femmes à l’intérieur du métro.

Par contre en sortant dans le bazar du vieux Delhi on se prend une grosse claque. Ca bouscule, il y a plus de 10 personnes au m2, c’est un gros bordel de boutiques, rues crades, vente et stockage d’objets en tout genre. Et on devient subitement croyant et très performant au sprint au moment de traverser la moindre rue (avec 2 enfants, c’est un coup à prendre « 1,2,3 COOOOOOUUURSS !!!! » ).

Après une bonne ballade et notre premier restaurant en Inde (mmm on va kiffer la cuisine indienne !), on rejoint le Red Fort qu’on va visiter de nuit car il y a un spectacle son et lumière sur l’histoire de ce Fort et du pays. Le show lumière n’est pas époustouflant mais c’est intéressant d’entendre un petit rappel chronologique sur l’histoire indienne, son passé de colonie anglaise, la vie des sultans et autres maharajahs, ainsi, que, plus récemment, Gandhi et l’indépendance, Nehru etc…

On y reviendra en journée à la fin de notre périple afin de visiter le reste, car ce lieu est immense, pleins de beaux jardins entourant des bâtiments au style oriental et clairement un havre de paix au milieu de l’agitation urbaine. Il a été construit au 15ème siècle par les Moghols.

Le lendemain direction Dharamsala en avion (en Asie, les prix de pas mal de vols sont vraiment intéressants, et vu la durée des trajets en bus / train, c’est à envisager pour certaines destinations).

Dharamsala et particulièrement Mc Leod Ganj est surnommé le « Petit Tibet ». C’est le lieu où s’est installé le 14ème Dalai Lama (le chef spirituel des bouddhistes), en exil en Inde depuis sa fuite du régime chinois au Tibet en 1959. On y trouve aussi le siège du gouvernement tibétain, et une très grande communauté de réfugiés tibétains (environ la moitié de la population).

 

En effet il faut savoir que, lors de la proclamation de la République Populaire chinoise en 1950, les chinois envahirent le Tibet, qui était alors indépendant et dirigé par le Dalaï Lama. En 1959 des résistants expriment leurs désaccords et les chinois répriment ces manifestations violemment et attaquent le palais du Dalaï Lama. C’est à ce moment qu’il s’enfuit vers l’Inde. Plus d’un million de tibétains furent tués depuis 1950 par les chinois, et on ne compte pas les disparus, torturés, ainsi que l’absence totale de liberté, notamment de culte et d’expression (il est passible de prison d’avoir une photo du Dalai Lama !!). Une immense majorité des temples, monastères et objets anciens (textes, statues etc.) sacrés du bouddhisme fut également détruite. Le Dalai Lama, qui, depuis quelques années, a renoncé à son rôle de leader politique du gouvernement en exil pour rester simplement le chef religieux des bouddhistes, a pendant longtemps travaillé à alerter la communauté internationale sur ces lourdes atteintes aux Droits de l’Homme.

Mais je suppose que la cause tibétaine compte moins pour nos pays occidentaux que les milliards générés par les contrats et ententes économiques avec les chinois… Encore une honte…

Surtout quand on voit la bienveillance humaniste et environnementale des bouddhistes en général et du Dalai Lama en particulier. Qui basent tout sur le partage, la compassion (pas au sens pitié mais plutôt une forme de bienveillance universelle envers les êtres humains, les animaux et la nature en général) et l’élévation spirituelle, pour soi mais surtout pour l’ensemble des êtres…

Le sourire et le regard profondément humain et doux des nombreux moines croisés à Mc Leod, la sérénité qu’on trouve en se promenant dans le temple et aux alentours, l’ambiance bon enfant de respect et de liberté individuelle qui règne dans le temple ou on peut parler, jouer, manger.. vivre tout simplement… (fait ça dans une église ou une mosquée !!)  à deux pas de la maison du Dalai Lama…  Tout ça donnerait presque envie, au-delà d’un simple intérêt intellectuel qui ne date pas d’hier, de se pencher sérieusement sur le bouddhisme… A creuser au retour 🙂

            

Nous passerons deux semaines à faire du volontariat dans cette petite ville accrochée aux contreforts de l’Himalaya, dans une Guesthouse que nous recommandons fortement (merci Claire pour le plan !!) : la Kamal Guest House, à flanc de colline entre Baghsu et la Dharamkhot road, près du Yoga Center. 2 chambres à 10€, une nourriture hyper bonne (plats à 1€ !) et un hôte vraiment aux petits soins. Accès en 20mn au centre-ville. En parlant de restaurant, on recommande vivement le Tibet Kitchen dans la Jogiwara Road (centre-ville) : notre cantine quasi toute la semaine : plats tibétains super variés, bons et pas chers (1 à 2€) et bonne humeur des propriétaires. Ainsi que les gâteaux du Nick’s Kitchen sur Baghsu road.

Ah oui, ici la cuisine tibétaine contraste avec celle indienne : la spécialité c’est les momos. Des sortes de raviolis vapeur ou frits farcis à tout un tas de choses (légumes, épinards, viandes…). Et les soupes (Thukpa) et nouilles en tout genre (Tenthuk), mais plutôt du genre à tomber par terre !!!

Nous ferons tous les après-midis du tutorat pour de jeunes adultes réfugiés tibétains qui apprennent le français. Il y a plusieurs associations ici ou c’est possible de le faire : LHA (qui gère également une boutique coopérative), Tibet World (qui organise également des soirées culturelles, musiques, films, dance etc.. des cours de Yoga) et bien d’autres. Ils sont toujours à la recherche de professeurs d’anglais ou de français, de personnes pour faire de la conversation avec leurs étudiants, pour s’occuper de jeunes enfants (mais si on reste plus de 3 semaines) etc…

Ces cours permettent à ces jeunes adultes ou moines de gagner des compétences linguistiques qui pourront leur permettre de trouver un emploi, d’aller dans des pays anglophones etc… En discutant avec eux, la répression chinoise devient concrète lorsqu’ils racontent leur vie, pourquoi ils ont fui, leurs projets etc… Un gros respect pour ces étudiants rencontrés, Thenzin et Tashi, à la capacité d’apprentissage hallucinante (quand tu vois leur niveau de français en quelque mois !!) et la volonté de fer. Et toujours cette gentillesse ancrée… grosse leçon ! Je ne sais pas qui a le plus appris à l’autre.

Nous avons également visité le Tibetan Children Village, un lieu un peu à l’écart du centre vers le lac de Dal (très sympa au demeurant) qui accueille et héberge près de 2000 enfants réfugiés (sans parents pour la plupart). Ceux-ci vivent en famille d’accueil sur place et bénéficie d’un enseignement. Certains sont sponsorisés par des particuliers ou des entreprises étrangères, car l’organisme reçoit pas ou peu d’aides gouvernementales. Un don de 40€ par mois permet de soutenir complétement un enfant… C’est personnalisé, on correspond avec l’enfant. Mais on peut aussi donner moins pour soutenir l’association.

Nous avons pu profiter du 50 ème anniversaire de l’installation du gouvernement tibétain à Dharamsala, avec grosse fête traditionnelle dans le temple, chants, danse, discours et repas gratuit pour tout le monde.

 

On recommande également les chutes de Baghsu. Promenade très agréable dans la montagne, rencontre avec des familles et des moines qui viennent s’y poser, se baigner, laver leur linge etc.. Il y a également une piscine en plein air à Baghsu à côté du temple hindou.

 

Et dans un tout autre style, le musée tibétain situé dans le grand temple qui retrace l’histoire du Tibet et l’oppression chinoise. Certaines photos peuvent être un peu dures avec de jeunes enfants (tortures et assassinats, immolations…) Nous avons choisi de le montrer aux nôtres. Et sommes tous les 4 ressortis très émus de ce lieu gratuit.

Bref, ces deux semaines posées, avant deux semaines de road trip plus touristique à venir nous ont permis d’appréhender tranquillement le sous-continent indien dans un lieu un peu différent et plus calme, de profiter de la nature (cascades de Bagshu), de la spiritualité du lieu (pour ceux sans enfants : nombreux cours de yoga, massages, soins tibétains etc…) et des rencontres humaines.

Nous y avons déjà compris plusieurs choses : ici, pas question de généraliser quoi que ce soit (valable partout en fait). Il y a  tellement de cultures, de gens, de castes, de religions différentes en Inde qu’il ne faut pas tirer de conclusions hâtives. On remarque seulement que les paradoxes et contradictions sont nombreuses : ces commerçants qui te jurent sur tous leurs dieux, mon ami, avant de te la faire archi à l’envers et ceux qui te conseillent comment économiser sur tel ou tel truc qu’ils vendent eux-mêmes, ces gens aux guichets qui te doublent sans aucun scrupule (on a compris qu’il faut coller physiquement au voisin de devant pour éviter ça :-D) et ceux qui vont spontanément t’aider, ces hommes qui regardent d’un œil plutôt  concupiscent tes enfants, et ceux-ci qui vont leur offrir un petit truc ou vouloir faire des photos avec. Ceux qui te zappent complétement, ne répondent même pas à ta question et, bien plus souvent des gens qui sont prêts à se mettre en quatre pour aller dans ton sens, avec un adorable dodelinement de la tête

Demain, nous partons pour Diwali à Amritsar et son temple d’Or, lieu sacré pour les Sikhs ou la fête des Lumières, est, parait-il extraordinaire. Quelques heures de route et une autre culture, presque un autre pays déjà…

1 Commentaire

  • jacques ferchaud 20 octobre 2017 at 07:35

    Coucou les renards du désert. Avez-vous hésité à repartir après cette pause dans notre pays plus ou moins « civilisé » ? Ou au contraire étiez-vous pressés de retrouver la vie d’aventuriers en famille ? En tout cas bravo et merci de penser à nous, plein de bises. jacques.

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