Sur la route des lieux sacrés en Inde du Nord

Après 5 h de taxi à travers montagnes et campagnes de l’Himachal Pradesh, nous voilà arrivés à Amritsar. Nous ferons les derniers kilomètres en tuk tuk à travers les dédales de ruelles encombrées du centre-ville. On note l’agilité du conducteur dans ce joyeux bazaar ou aucun européen ne s’aventurerait ne serait-ce qu’en vélo ! On trouve un hôtel correct à quelques pas du Golden Temple, attraction principale de cette ville.

Le Golden Temple est le lieu le plus sacré pour les Sikhs. Il contient le Guru Granth Sahib, le livre saint des Sikhs qu’ils vénèrent comme leur gourou.  Il est au centre des attentions du matin jusqu’au soir et lu en chansons, poèmes mythiques psalmodiés, accompagnés de musiques traditionnelles à base d’harmoniums et de tablas. Il a commencé à être rédigé par Guru Nanak, le premier guru du sikhisme, et est depuis vénéré comme le 11ème guru intemporel. Cette religion est monothéiste, fondée dans le nord de l’inde au 15° siècle. « Ek Ong Kar », une seule conscience créatrice. Ils considèrent que toutes les religions peuvent mener vers dieu et sont du coup très tolérants, ouverts et la femme est considérée à l’égal de l’homme, assez rare par ici pour le préciser !! Par exemple les mariages sont libres dans une Inde ou le mariage arrangé reste la norme. Dans chaque temple sikh, il y a des langars, ces cantines communautaires ou tout le monde peut manger gratuitement, sikhs ou non. Ici par exemple ce ne sont pas loin de 60.000 repas par jour qui sont délivrés ! Ces cantines ont été créées à l’origine pour lutter contre le système de castes et ne laisser personne dans le besoin, et sont un des fondements de la religion. Nous on a les Restos du cœur… à méditer….

 

Le Golden temple est un lieu magique. Après s’être déchaussé et couvert la tête, on arrive dans une enceinte bordée de temples en marbre blanc. Au milieu se trouve un bassin carré de 150m de côté. Le temple d’or se trouve au milieu de ce bassin, et on fait une bonne heure de queue pour l’atteindre. L’attente en vaut la chandelle, au fur et à mesure que l’on s’approche de l’entrée, on sent la ferveur monter et elle atteint son paroxysme quand le livre saint est enfin en vue. La musique lancinante et répétitive plonge les fidèles dans une sorte de transe contrôlée, le spectacle est hallucinant !

Le temple a été construit à l’endroit où venait méditer Guru Nanak, le premier d’entre eux, il a subit bien des attaques, des afghans notamment et plus récemment en 1984 du gouvernement indien d’Indira Gandhi (tiens tiens..), faisant quelque 500 morts mais il s’est toujours relevé et reconstruit.

Ce lieu est vraiment à part et nous conseillons vivement sa visite, un peu à l’écart des circuits classiques du tourisme en Inde.

Nous visiterons deux fois le site, en journée puis à la tombée de la nuit car ce jour-là c’est Diwali, la fête des lumières en Inde. Ce jour marque la victoire du bien contre le mal et aussi la fin de l’année dans le calendrier hindou Vikram utilisé dans le nord de l’Inde.

 

Feux d’artifices géants au-dessus du temple et illuminations fantastique au programme. Wahou ! Inoubliable !

La peau blanche étant un signe de beauté, de nombreux indiens nous demandent de faire des photos avec nous. Les stars les plus convoitées sont les enfants, qui se prêtent au jeu avec surprise.

Nous profitons un bon moment de cette soirée dans la liesse populaire. Les feux d’artifices dureront une bonne partie de la nuit. On les contemple du toit de l’hôtel ou des enfants allument des feux de bengale, pétards, fusées etc… ça part dans tous les sens, ici quand c’est la fête on ne fait pas ça à moitié !

 

Le lendemain, direction Varanasi en avion, ou nous arrivons en fin de journée. Un taxi nous y attend, géré par notre copine Claire et son bon ami Sadhav (celui-là même qui nous avait réservé la guest-house à Dharamsala). Nous arrivons à l’ Aniket Guest House, proche de l’Assi Ghat, ou Sadhav nous attend. Il nous fera visiter sa ville pendant tout notre séjour. Merci 🙂

Les Ghats sont des escaliers qui mènent au Gange, fleuve sacré qui sortirait des pieds de Vishnu. On fait tous dans le Gange (bains rituels, crémations etc…) et  on y pratique des cérémonies rituelles (Puja) tous les levers et couchers du soleil. Les cérémonies sont magnifiques et très codifiées, les gestes sont précis ; elles sont délivrées par les brahmanes (caste la plus élevée), seuls autorisés à le faire. C’est ici notre premier réel contact avec l’hindouisme. Cette religion est une des plus vieilles connues. Elle est basée sur des textes védiques (venant du peuple aryen) transmis oralement de génération en génération. Elle n’a ni fondateur, ni autorité centrale. Les indous croient au Brahman, principe invisible, éternel, incréé et infini….. Tout ce qui existe émane de lui et revient à lui. La vie terrestre est donc cyclique et l’on se réincarne selon notre karma, actes dans nos vies antérieures…. On met enfin des notions sur des mots entendus depuis si longtemps !!

     

          

Le brahman est l’absolu, l’ultime réalité, le principe neutre sans forme et éternel, les dieux et déesses (qui seraient en nombre de 330 000 000 !!!) en sont ses manifestations. Toutes ces divinités appartiennent à une trinité, le Trimurti, constituée de Brahma, Vishnu et Shiva. C’est complexe et paraît sans fin tellement c’est riche en histoire et concepts philosophiques, passionnant !!

A Varanasi, nous visiterons plusieurs temples, dont celui d’Hanuman, le dieu singe, en pleine cérémonie. Plusieurs centaines d’hommes et de femmes récitent des mantras ensemble. Fred et Ilan feront un tour sur le Gange au lever du soleil. On passe devant de nombreux palais de maharadjas, pour la plupart abandonnés, et de devant tous les principaux ghats, dont celui de crémation. Ici, les castes les plus basses passent leur vie à bruler les corps, 24/24, 365 jours par an. Quelle destinée ! Les cendres sont ensuite répandues dans le Gange, le fleuve sacré qui mène au nirvana. Seuls les enfants, les femmes enceintes et les personnes tués par une morsure de cobra (animal sacré qui accompagne toujours Shiva) ne sont pas incinérés mais enrubannés de draps blancs, lestés puis immergés dans le Gange. Gloups quand on voit le nombre de personnes qui ensuite s’y baignent ou y lavent leurs vêtements..

Beaucoup de gens viennent ici pour méditer sur le sens de la vie, réfléchir à leur propre existence, relativiser etc… L’ambiance n’est pas du tout morbide, le rapport à la mort est encore une des nombreuses différences culturelles entre nos sociétés… subjuguant !

Nous visiterons également un magnifique palais bordant le Gange, et Sarnath, ville située à une vingtaine de kilomètres, un des quatre hauts lieux sacrés du bouddhisme puisque c’est l’endroit ou Bouddha prononça ses premiers enseignements et où au 3ème siècle avant JC, l’empereur Ashoka fît construire différents stupas et monastères dont on peut visiter les ruines. Il y a aussi un superbe musée comportant des pièces bouddhistes et hindouistes vraiment magnifiques. Le tout pour 5 roupies par personnes, à voir !!

 

Nous prenons ensuite la route pour Bodhgaya, laissant dernière nous Sadhaw et sa famille, qui ont vraiment rendu inoubliable notre séjour à Varanasi. Merci à eux (et à Claire !). Et comme disait Sadhav à propos de Varanasi : « fast time no last time ». Nos chemins se recroiseront nous l’espérons.

A Bodhgaya,nous logeons à la Tara Guest House (15 minutes à pied du centre), un lieu géré par l’asso Shantindia , créé par une française et qui comprend maintenant une école pour environ 300 enfants défavorisés et différents autres projets (santé etc…). La guesthouse est top, propre, pleine d’enfants qui dorment là avec leurs familles, et les repas préparés par les mamas vivants également sur le lieu. Une ambiance chaleureuse et familiale, la possibilité de faire du volontariat.. On recommande ++, d’autant que nous payons tout juste 10€ pour 2 chambres.

Bodhgaya, c’est LE lieu le plus sacré, lieu de pèlerinage de tous les bouddhistes de la planète. En effet, il y a 2600 ans, c’est ici, sous l’arbre de la Bodhi que le prince Siddartha Gautama atteignit l’Eveil et devint le Bouddha (cf article de Mattei sur cette religion ICI)

On y visite donc le temple tout en hauteur qui jouxte l’arbre sacré, qui contient une grande représentation du Bouddha, et emboitons le pas aux  moines, nonnes et croyants du monde entier (on les reconnait aux différentes couleurs de robes) qui tournent autour du temple en passant sous l’arbre sacré, qui est en fait l’arbre issu d’un rejet de l’arbre d’origine, celui-ci n’ayant quand même pas tenu 2600 ans, aussi sacré soit il…. Lorsqu’une feuille tombe, chacun met de côté quelques secondes sa sérénité pour se jeter sur ce cadeau précieux… C’est assez drôle de voir les moines jouer des coudes pour récupérer ces feuilles sacrées. Nous serons chanceux et grâce à la vivacité des enfants en ramasseront quelques-unes.

 

 

  

Ce lieu est d’une intense sérénité. On s’y sent bien. Nous nous posons près de l’arbre, silencieusement pour profiter du calme, sentir cette énergie collective et apaisante pendant que les croyants tournent autour du temple en priant, et que d’autres moines prient, disséminés aux quatre coins du parc. Quelle expérience !

Dans la ville de Bodhgaya, nous visiterons un bon nombre de temples qui incarnent les diverses cultures bouddhistes à travers le monde : temples tibétains, bhoutanais, japonais, thaïlandais etc…

Tous assez différents les uns des autres, tous magnifiques !

 

Nous voyons aussi une statue géante (25m) du Bouddha, inaugurée en 1989 par le Dalaï Lama, et qui, creuse, contiendrait 20.000 statues en bronze.

Cette ville ne peut vous laisser indifférent, et c’est avec un pincement au cœur que nous la quittons pour rejoindre Delhi en train de nuit, direction ensuite le Rajasthan.

Mais ça, c’est une autre histoire….

8 Commentaires

  • jacques ferchaud 4 novembre 2017 at 08:30

    Je me demande si nous saurons vous reconnaître à votre retour, avec tout ce que vous aurez emmagasiné d’images, de rencontres, de sagesse. Comment votre vie pourrait-elle ne pas s’avérer différente après cette expérience unique. Quant à vos enfants, ils auront du mal à se contenter de jouer aux billes dans la cour de l’école, ou sur leur console de jeux. Ils sont « dedans », leur console, mais en mieux ! Plein de bises, Jacques.

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    • katy_fsg 18 novembre 2017 at 05:21

      Merci Jacques! des bises de nous 4

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  • Fab 4 novembre 2017 at 08:06

    Magnifique… et vraiment intéressant.
    Merci pour le partage !
    On vous embrasse 🙂

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    • katy_fsg 18 novembre 2017 at 05:22

      Merci Fab! Dans 4 jours on est au Cambodge, on pensera bien à vous 🙂 des bisous

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  • Carole 3 novembre 2017 at 21:07

    Woooohwooh… Oui, je crois que j’ai plus de mot pour dire je ne sais quoi…. Ça semble tellement Woooohwoohaaaah dans plein de sens différents… Merci pour les couleurs!! Les ptits gars vous vous nourrissez de quoi pour pousser si vite??? bisous bisous, vous nous faites du bien!

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    • katy_fsg 18 novembre 2017 at 05:25

      Coucou Carole! Des bisous thaïlandais 🙂 et merci de nous suivre! Pour les gars je crois que l’aventure les fait pousser ++ … on hallucine nous aussi !! On pense à toi, à bientôt

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  • Claire 3 novembre 2017 at 20:40

    Merci pour le partage et bonne route !

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    • katy_fsg 18 novembre 2017 at 05:25

      Merci Claire, notre voyage en Inde n’aurait pas été aussi bien sans ton aide 🙂 des bisous

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